Matéi Vișniec, parrain de la 7ème édition de Printemps d’Europe

« L’Europe, définition subjective : un laboratoire de l’humanité, une renaissance de l’utopie, une géographie ouverte, un projet de société durable, une belle rencontre entre la liberté et le devoir, un nouvel humanisme.

Pour quelqu’un comme moi, qui ai vécu pendant 30 ans du mauvais côté du rideau de fer, l’Europe c’est le rêve matérialisé, c’est la réunification des enfants égarés par l’histoire, c’est la fin des dictatures atroces et de la bêtise humaine. Vu de l’Est, l’Europe est le seul projet de société viable qui reste après la chute des utopies meurtrières et des idéologies conçues comme autant de formes de lavage de cerveaux.

L’Europe est à la fois horizon et construction, source d’espoir et d’identité, une idée vivante qui fait fondre les frontières et qui élargit l’espace de la dignité.

Oui, parfois l’Europe a aussi cette autre image, de cité assiégée par la crise, de citadelle fatiguée devant un avenir trop pressé ou trop aveugle.

Mais dans ce combat contre l’accélération du temps il ne faut pas se tromper, ni d’adversaire, ni d’allié. L’Europe a été trop longtemps l’espace où chaque peuple a combattu contre chacun de ses voisins. L’Europe a été trop longtemps le centre démesuré et autiste du monde. C’est le moment, pour elle, de devenir le centre de la raison. En effet, l’Europe est une idée récente, c’est depuis la fin de la deuxième guerre mondiale qu’elle essaie d’inventer la paix durable et la liberté pour tous.

Non, il ne faut pas tomber dans la détresse et écouter les Cassandres. L’Europe n’est pas source de problèmes, mais source de solutions. Il faut seulement l’aimer un peu plus, lui accorder un peu plus d’énergie et un peu plus d’imagination. »   

Matei Vișniec, dramaturge et journaliste